Mon Saxo
Samson
Comment
c'est arrivé ?
Comment
est - il venu ?
Comment
l'ai-je entendu cet air de mélopée ?
Cet
air qui me charmait, cet air qui me grisait, cet air bien syncopé, cet air si
bien rythmé, cet air qui me tournait .....
Qui
me tourne toujours, qui me tourne toujours, qui me tourne toujours.
Comment
c'est arrivé ?
Je
ne saurai jamais, mais je l'ai tant aimé.
Mais
je l'ai tant aimé, mais je l'ai tant aimé, mais je l'ai tant aimé .......
Dans
mon cerveau gravé, dans mon cerveau fêlé, dans mon cerveau paumé, paumé,
et à jamais, paumé et à jamais, paumé et puis paumé dans mon cerveau fêlé.
Comment
s'est-il ancré ?
Jamais
je l'oublierai... et tra la la la la et tra la la la la et tra la la la la et
tra la la la la.
Et
puis le temps tournait, et puis le temps passait, qu'est ce que je m'en
foutais...
Sur
le sable doré, le sel qui me collait, le soleil me chauffait, le sel qui me
collait, le soleil me chauffait, j'était paralysée, ça me faisait rêver.
La
mer qui ondulait, les vagues clapotaient, et les mouettes criaient, et les
mouettes tournaient, et les mouettes valsaient, et les mouettes chantaient.
Et
moi bien allongée, alors je me levais et ma tête a tourné.
Je
me suis dirigée vers les rochers là bas d'où venait cet air là, je me suis
dirigée vers les rochers là bas et ma tête a tourné.
Et
puis à petits pas, et puis à petits pas, et puis à pas pressés, pressés
oui d'arriver derrière ces rochers.
Un
instrument jouait, un instrument chantait, un saxo baryton, Samson c'était
son nom, un saxo en klaxon.
Le
klaxon m'appelait, le saxo me disait, le baryton m'aimait, et moi aussi
j'aimais.
Que
j'aimais mon Samson, mon saxo Samson, mon baryton Samson !
C'est
ma chanson à moi, ma chanson que pour moi.
Son
air de mélopée, son air tourbillonnait, cet air qui m'emportait vers le
château doré...
Vers
le rocher là bas, car il était bien là.
Quand
je suis arrivée à l'endroit du rocher, que je l'ai contourné, le son s'est
arrêté.
La
mer s'était calmée, et moi mon cœur battait derrière le rocher, derrière
le rocher, derrière le rocher.
Il
s'était envolé, il avait disparu, il avait disparu.
Tout
mon corps a flanché, je me suis écroulée, et que j'ai pu pleurer, et que
j'ai pu pleurer, et que j'ai pu pleurer, et puis que de regrets !
Était
il noir ou blanc ?
Était
il lait ou beau ?
Je
l'avais dans la peau, je l'avais dans la peau, je l'avais dans la peau mon
poète saxo.
Et
que j'ai pu pleurer, et que j'ai pu pleurer ........
Je
m'en suis donc allée, allée et m'enfermer, m'enfermer me coucher, me coucher
pour pleurer.
Dans
un sommeil profond je me suis endormie en pensant à Samson, mon baryton klaxon
et à cette chanson.
Mon
saxo mon Samson, et il m'a emportée dans un sommeil profond dans un grand
tourbillon.
Il
me faisait tourner, il me faisait rêver, ses bras qui me seraient, ses mains
me cajolaient, puis il m'a embrassé, et nous nous sommes aimés, et nous nous
sommes aimés, et nous nous sommes aimés.....
Je
me suis réveillée, j'ai sauté de mon lit par un matin bien gris. Samson n'y
était plus, où était-il passé ?
J'étais
bien envoûtée par toutes ces pensées et pensées repensées, à mon saxo
Samson, mon Samson Apollon, mon poète toujours, mon poète d'amour.
Que
de pays j'ai vu !
Qu'est
ce que j'ai bourlingué !
Qu'est
ce que j'ai pu voguer !
Vague
à l'âme perdu, vague à l'âme foutu, vague à l'âme vécu ...
Depuis,
seule à Paris, ce Paris si joli, les années ont passé.
Je
le cherche toujours, mon saxo mon amour, mon saxo des beaux jours, mon
troubadour d'un jour, dans tous les coins des rues, et dans tous les
faubourgs, et au fin fond des cours, et au parc luxembourg.
A
la place Beaubourg il y a des troubadours, mais c'est pas celui là, il n'a
pas cet air là, mais c'est pas celui-ci, car il n'est pas joli.
Personne
ne savait, personne ne jouait, personne ne chantait.
Ils
l'avaient jamais vu, ils l'avaient pas connu, ils ne l'avaient pas cru.
Pourtant
mon baryton, mon saxo mon Samson, je le cherche toujours.
Ils
l'avaient jamais vu, ils l'avaient jamais vu, ils l'avaient vu mon saxo mon
Samson.
J'ai
fait aussi la scène, j'ai poussé ma rengaine dans les boîtes de nuit, et
puis dans les bas fonds j'ai cherché mon Samson.
Et
puis je ne sais plus, et puis je ne sais plus, et puis il a tant plu, et puis
j'ai tant pleuré que tout c'est effacé de ce beau jour d'été.
Quel
air jouait-il donc ?
Quel
air jouait-il donc ?
Bon
dieu dites moi donc.
Je
l'ai presque oublié cet air que j'ai aimé, cet air qu'il me jouait.
Je
me suis résignée, et j'ai abandonné car je suis fatiguée.
Jamais
je ne saurai, je ne saurai jamais s'il était noir ou blanc, ou bien prince
galant, je ne saurai jamais, et jamais je saurai où est mon baryton et mon
saxo Samson.
J'ai
perdu sa chanson.
Maintenant
tout est fini. J'ai presque plus d'ennuis, je dors toutes les nuits.
Je
descend au métro, l'été il y fait frais, l'hiver il fait bien chaud.
Porte
de la Défense ça rime avec la chance.
Porte
de Clignancourt ça rime avec amour.
Et
porte des Lilas je suis passée par là.
Porte
de l'Italie, ha quel joli pays !
Et
puis tous ces couloirs, les marches à monter et à descendre après, et puis
tous ces couloirs, ces couloirs presque noirs.
Direction
de Pantin, ça sonne donc si bien.
Un
klaxon a sonné, un klaxon en chanson.
Mon
cœur a rebattu, tout n'est donc pas foutu.
Le
son revenait donc, c'était bien celui là.
C'était
bien cet air là.
C'était
donc mon Samson, mon saxo baryton, mon saxo mon klaxon.
Dans
mon cerveau fêlé, je fus donc emportée, à petits pas pressés, à petits
pas pressés, le son se rapprochait, le son se rapprochait, et mon cœur qui
battait, et ma tête tournait, et le klaxon tintait, et le saxo jouait.
Mon
Samson m'appelait, et il jouait pourtant et au trois temps un temps, et au
trois temps deux temps, et je me rappelais, et je me rappelais, et tra la la
la la et tra la la la la et tra la la la la........
Et
il se rapprochait, direction Italie, direction Charenton, direction Bienvenue,
direction Griserie ...........
Direction
..........
C'était
foutu ...
Car
au tournant fatal, d'où l'air me parvenait, il n'y avait plus rien.
Le
silence complet.
Pourtant
c'était chouette, oiseau porte bonheur.
Pourtant
c'était chouette, oiseau porte malheur.
Pourtant
contre le mur, un tout petit niston, un message futur dans une partition.
Mon
message à moi, ma poésie jolie.
Sa
partition de lui, mon poète de joie.
C'est
mon klaxon Samson, ma chanson en klaxon.
Je
la relis relis, je la relis relis, et je la relierai et je la relirai, la
chanson de Samson, de mon saxo Samson, de mon saxo klaxon, de mon saxo klaxon.
Quelle
triste chanson !
Et
tra la la la la et tra la la la la et tra la la pour mi et tra la la pour si
et tra la la la la ...............
Et
tra la la la la et tra la la la la et tra la la la la ...... tra ....... la
..... la ...... la ...... la .......... tra ..................... la
............................ la ........................... la
.....................................
Raymond Reynaud - poésie 1980