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Comme souvent, le corps n’oppose pas de frontières entre lui et l’extérieur. Il est aéré, dématérialisé. La chair et la dentelle de la robe se confondent. La Prieuse, blanche, est lumière. Elle est impalpable, fluide, elle est le feu de la pensée, elle traduit l’amour de la mystique ravie à elle même, abîmée dans la communication avec le divin.
Notons au passage que le Christ, dans nombre d’icônes Russes, est blanc, lui aussi. Nous avons là un exemple de la très grande culture picturale de Raymond. Son œuvre s’appuie sur l’histoire de l’Art, de la peinture. Elle s’appuie mais ne copie pas. Comme tous les vrais artistes Reynaud fait jouer son alchimie personnelle et crée une œuvre étonnante.
La Prieuse est au centre d’une architecture qui rappelle les cathèdres du moyen-âge. Mais la façon dont cette construction est traitée est presque caricaturale, réduite à un trait blanc qui devient volute baroque par endroits, comme par jeu. Raynaud a le sens de l’humour. Il travaille sérieusement mais ne se prend pas au sérieux. Ce n’est pas le moindre des charmes qu’il exerce sur nous.
La Prieuse est entourée de rosaces, comme celles des cathédrales. Elles rappellent l’ornementation fleurie du tapis qui constitue un temps d’arrêt devant la Prieuse, crée une perspective en étage subtile qui s’allie à une autre perspective, en profondeur cette fois, mettant en valeur la tête du personnage.
La perspective chez Reynaud est toujours un casse tête. Et c’est ce qui me plaît : ses tableaux à la fois simples par leurs formes et si complexes par leurs couleurs et leur perspective sont inépuisables. |
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Alice Anglade – Sculpteur |
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