Page précédente  

 

 

Lettre de Jean Dubuffet à Raymond Reynaud le 08/04/1982

 Cher Monsieur Reynaud, 

Je suis tout à fait étonné par cet album que vous m’avez communiqué et qui présente les photographies en couleur de vos peintures et de celles de vos amis qui sont tous, comme vous-même, des personnes étrangères au circuit des artistes professionnels et exerçant les professions les plus diverses.

 

Je trouve ces œuvres extrêmement intéressantes. Toutes sont très inventives et manifestent beaucoup d’aisance et d’habileté d’exécution. Ce m’apparaît très surprenant que se trouvent dans votre région de Sénas un si grand nombre de personnes qui s’adonnent à la peinture dans une forme si insolite et si créative. Je m’en réjouis fort.

 

A vous avec vive sympathie.

 

Jean Dubuffet

 

Sucrer sans fondre

 L'oeuvre d'art doit avoir, non pas une signification limitée, et telle qu'on l'ait épuisée en peu de temps, ou même qu'on puisse jamais le faire, mais des sens très nombreux, ouvrant sur une multiplicité de chemins où l'esprit peut au gré de l'humeur s'engager sans en trouver jamais les bouts.

 

Non pas une bouteille qui après boire se trouve vidée mais une bouteille enchantée qui se remplit à mesure qu'on s'y abreuve

Jean DUBUFFET

 

 

Un Institut de déconditionnement ...

<< Dès 1968, Dubuffet préconisait la création "d'Instituts de déconditionnement culturel." Il semble que le Mouvement Singulier Contemporain Raymond Reynaud soit au plus près de cette idée >>

   Alice Anglade

 

 

 

 

La recherche d'une expression authentique ...

<< Combien Raymond Reynaud a-t-il eu d'élèves ? Peut-être plus de 500 et cela dans la plus grande discrétion ! A combien encore transmet-il sa vision de l'art, sa sensibilité, son goût de l'œuvre accomplie, sa recherche perpétuelle d'authenticité...

Peut-être arrive-t-il tout simplement à déconditionner ses disciples du poids écrasant des traditions socio-culturelles, qui bloque l'expression native qui réside en chaque individu ? ...

Raymond Reynaud donne à ceux qui veulent bien l'écouter une méthode pour cheminer au cœur des réalités de ce qui nous entoure et de ce que nous sommes. Avec lui pas de faux-semblants, il dissèque avec le scalpel de sa lucidité, aussi bien les mythes de notre société que ses propres angoisses existentielles. Après de laborieuses expériences et multiples cogitations, il a établi, grâce à ses réflexions sur l'art inventif", quelques-unes des directions à suivre pour aller plus loin dans la recherche d'une expression authentique. >>

Jean Claude Caire

 

 

 

Martine BAYLE, enseignante en Arts Plastiques, élève de Raymond

Je suis venue voir Raymond à la suite d’un blocage dans ma propre démarche picturale.

 

Les premiers contacts avec Raymond ont été décisifs :

Pas de faux fuyants : « Si vous voulez retrouver votre propre peinture, il faut casser tous les systèmes pour ne plus se cacher derrière le savoir-faire et le joli »

 

Pour cela, il m’a fait faire des centaines de traits : des petits, des gros, des foncés, des clairs … Mais là où cela s’est corsé, c’est qu’ils devaient être tous ressentis !

Quel travail d’attention, de recueillement !

 

Petit à petit, s’est installée une rythmicité dans tous ces traits.

Alors, il m’a parlé musique, le rythme dans la composition, la couleur de chaque instrument, leurs tonalités et leurs qualités propres.

 

C’est cette comparaison avec la musique qui m’a le plus interpellée !

« La rythmicité dans la peinture, si le peintre respecte cela, alors à un moment, il n’y a plus de théorie, la force remplace la théorie, c’est le tableau qui mène »

Cette phrase m’est devenue familière comme un refrain.

 

Et ces autres également :

« A tout  moment, il faut accepter de tout remettre en question »

« Il faut s’exprimer avec les moyens de peintre et non de littéraire »

 

R.R dit également : « Il y a 2 temps dans la création : le temps social des horloges et du quotidien de la vie, et puis, celui de l’angélus. Si on laisse derrière soi ce temps social, pour celui de la méditation rythmée de l’angélus, alors vient peu à peu la récompense qu’est la sérénité et la lumière. »

 

Quelle leçon de vie de la part de Raymond !

C’est un guide qui nous empêche de tricher …

 

Martine Bayle le 16/11/2005

 

 

Témoignage d'une élève de Raymond

 

J’ai eu beaucoup de chance de rencontrer RR : ce personnage singulier, loin de tout ce qui peut diriger, imposer, réduire ; tellement en accord avec son œuvre : sculptures, peintures, masques, mandalas.

 

Il nous propose un monde réinventé à chaque instant, d’une grande fraîcheur et d’une force qui me fascinent.

 

Lorsque RR a bien voulu m’accompagner sur ce chemin périlleux de la création, j’ai compris que ce geste était grave.

Avec cette façon qui lui appartient, faite de respect, d’écoute, de gentillesse, le voyage a commencé.

 

Tous les obstacles rencontrés sont source d’exercices remis sans cesse sur le métier. Les remarques qu’il me fait sont longuement réfléchies pour être « justes » et cela avec une discipline quasi religieuse.

 

Pour moi, ce sont des moments jubilatoires qui émaillent ma recherche intérieure.

Son enseignement est à l’image de ses œuvres : structuré, éclaté, multiple … tout cela dans une cohérence évidente dont je prends conscience avec le temps.

 

Mes travaux sont régulièrement soumis au regard aigu de RR, toujours au fait des démarches artistiques contemporaines les plus novatrices : peinture, sculpture, musique, poésie … car ce vieux monsieur sait aussi vivre avec son temps et méditer sur les problèmes de notre époque – l’écologie le préoccupe – c’est un autre versant de nos rencontres ainsi que le partage avec les autres « enseignés » de l’avancement de nos travaux.

 

Nous avons besoin de cela pour nourrir nos univers respectifs et conforter nos particularités.

 

AD le 10/11/2005

 

Retour Mouvement Singulier Raymond Reynaud Page précédente

Haut de page

Retour haut de page

ligne.gif (403 octets)